Les coulisses d’un beau reportage !
Notre beau territoire de l’Aubrac est à l’honneur ! Après sa labellisation de Parc Naturel Régional, les médias s’intéressent encore un peu plus à ce beau plateau préservé et inégalé.
Jean-Pierre Pernaut et son équipe du JT de 13h00 ont choisi de mettre à l’honneur cette terre au travers du portrait de quatre personnages hauts en couleurs et/ou emblématiques de l’Aubrac. Et c’est finalement une dame, vêtue le plus souvent de velours rouge et or, célébrée il y a presque un an, le 7 juillet 2018 par sa reconnaissance au Patrimoine Immatériel culturel immatériel de la France, par décision du ministère de la Culture, qui a retenue toute leur attention.
Sylviane Mondet, grand reporter pour le JT de TF1, a, de ce fait, pris contact avec Victor Laroussinie initiateur de cette candidature et rédacteur de la fiche d'inventaire, afin d’établir un programme pour ce reportage visant la mise en valeur de ce bel instrument emblématique de l'Aubrac et des Auvergnats à Paris avec la meilleure appréhension possible pour un public des plus vastes. Accompagnée de Mathilde Liotard, journaliste Reporter Image à TF1, Sylviane Mondet avait donc rendez-vous à Lacalm (Nord Aveyron) ce vendredi 7 juin pour une journée de tournage.
Avec tous ses participants, notre reportage s’est ainsi attaché, pour tous les amoureux de la Cabrette mais aussi pour ceux qui la découvriront dans ce reportage, à montrer combien elle compte et demeure aujourd’hui bien vivante sur le territoire de l'Aubrac. En illustrant quelques aspects de son mode de fabrication traditionnelle, de son enseignement, de sa sauvegarde, mais aussi de son rôle inestimable comme facteur de rapprochement, de lien, d’échange et de diversité, ce reportage devrait allier des gros plans de fabrication, avec des plans plus larges, d’une gaité palpable, d’un bal improvisé autour des Cabrettaïres.
La journée a donc commencé à Lacalm dans l'atelier de Victor Laroussinie pour la fabrication des anches et leur réglage; une activité exclusivement artisanale. L'anche, dit-on, est l'âme de la Cabrette; sa fabrication requiert une attention particulière, de l'entraînement, une véritable précision dans le maniement des outils et surtout beaucoup de patience…
Certaines scènes sont filmées avec une précision d’horloger et rigoureusement répétées afin que le spectateur en saisisse la précision. Il existe aujourd'hui très peu de facteur d'anche de Cabrette, gageons que ce reportage suscite des vocations dans nos jeunes générations.
Vint ensuite un cours de perfectionnement à Nicolas Puechmaille, musicien professionnel, joueur de Cabrette, d'accordéon et de saxophone qui anime avec son orchestre de nombreuses manifestations sur le territoire. L’occasion de ce cours fut également l’occasion de rappeler qu’autrefois, l'apprentissage s’accomplissait essentiellement par transmission orale au sein de la communauté.
Silence ! On tourne ! Mathilde, caméra à la main, anticipe les gestes des musiciens et varie les plans sur les conseils de Sylviane.
Un peu plus tard dans la journée, ce sera l’enregistrement d’extraits d’un autre cours à un jeune aubracien Louis Delrieu et l’occasion de souligner que l’apprentissage de la cabrette est ouvert à tous : « Quel que soit son âge et ses aptitudes musicales, chaque élève d'aujourd'hui est une pierre à l'enrichissement de ce patrimoine immatériel » souligne Victor Laroussinie.
Intimidé par la caméra, Louis répond aux questions de Sylviane par oui ou par non. Parfois il hoche la tête accompagné d'un sourire timide. Il n’a pas conscience que sa jeunesse et sa passion palpable pour cet instrument symbolisant, à lui tout seul l’avenir de la Cabrette nous émeut tous.
Puis, c'est Jean-Louis Claveyrole et son large sourire qui nous ouvre les portes de son atelier à Mels, commune d'Argences en Aubrac. Aujourd'hui, on compte moins d'une dizaine de facteurs de Cabrette. La fabrication des pieds, des poches et soufflets de Cabrette demeurent réalisés selon la tradition, et également de façon exclusivement artisanale. Elle exige l'assemblage ordonné de nombreuses pièces et comporte un important travail d'ébénisterie.
Ensuite, la visite de la Maison de la Cabrette à Vines, commune de Cantoin, était, bien entendu, au programme avec notamment la découverte du nouveau bâtiment. Celui-ci abritera, à la fois, un atelier d’autrefois, avec des alésoirs pour percer le buis ou l’ébène tirés d’une pointe de baïonnette et aussi un atelier moderne, avec un tour électrique et des alésoirs adaptés; de nouvelles cabrettes vont ainsi prendre naissance sous les yeux du public, dans les mains de Jean-Louis Claveyrole, depuis le pied jusqu’au soufflet et à la poche. Et cela n’ira sans doute pas sans le plaisir de quelques airs improvisés de bourrées pour essayer le nouvel instrument ou bien plus simplement pour charmer les spectateurs.
Enfin, avec le soleil qui se couche sur nos magnifiques paysages aubraciens, il était temps de rejoindre le Buron des Boules sur le plateau de l'Aubrac pour une "veillée cabrettes" où une vingtaine de musiciens se retrouvaient pour partager leur passion. Ces veillées, comme autrefois, sont ouvertes à tous les musiciens, sans aucune distinction, avec l’objectif amical et enthousiaste de leur permettre d’acquérir et de partager notre répertoire.
Le feu chante dans l'âtre illuminé du buron et souffle la chaleur sur le visage des musiciens assis tenant sur leurs genoux une Cabrette, un accordéon ou une vielle à roue. La musique peut se déployer. Bourrées, valses, scottishs, mazurkas, valses se succédèrent pendant deux heures dans un joyeux mélange de musiques traditionnelles, de rythmes dansants ou mélancoliques, des sons aigus ou veloutés, d'interprètes presque encore enfants ou d'âge vénérable, de virtuoses et d'autres qui le deviendront sûrement...
Au milieu de la soirée, c'était la pose et chacun se retrouve autour d'un copieux buffet pour déguster les bons produits du pays. Et, rien ne met plus en joie un Cabrettaïre que ces recettes qui sentent bon la terre, le terroir et le pays. Aussi, après un "petit canon" qui donne du rose aux joues, la musique reprend ses droits et les danseurs de la Bourrée de l'Argence venus en nombre ont dansé la bourrée. Et même nos deux jolies reporters, emportées dans le tourbillon de la chaleur de ce buron et de l’amitié palpable de ces amis musiciens, s’essayèrent avec succès à la Crouzado….
Ce reportage, lequel sera planifié au plus tôt deuxième quinzaine d’aout 2019 et représentera presque 4 minutes (beaucoup à l’échelle télévisuelle) nécessitera deux journées complètes de montage. Il fut tourné ce vendredi 7 juin 2019, entre burons et paysages, durant plus de 12 heures et bien au-delà du coucher de soleil pour la plus grande joie de nous tous, amoureux de cette grande dame : La Cabrette !
Un grand merci à Michel Rouquette, Maire de Lacalm ainsi qu'André Raynal Maire de Cantoin, pour leur accueil, leur gentillesse et leur disponibilité.