A la fin du XIXe siècle, avec les révolutions industrielles, l'émigration a fait le vide dans nos villages du Massif Central ; il faut une quinzaine d'heures pou rejoindre la capitale alors que Saint-Flour était deux fois plus loin de Paris - en diligence - quelques années plus tôt ! Le rail bouleverse la vie sociale et économique... L'exode rural se développe, les migrants auvergnats s'installent à Paris.
La mécanisation de l'agriculture et l'augmentation de la population due à la chute de la mortalité infantile – les fermes sont trop petites pour nourrir décemment les familles nombreuses qui les exploitent – obligent de nombreux paysans à venir tenter leur chance à Paris. Ils s'intègrent dans cette ville pleine d'opportunités et brillent dans tous les travaux durs et fatigants que les parisiens rechignent. A Paris, l'Auvergnat continue de vivre à la mode de son village; il parle patois, se nourrit des mêmes plats et danse au son de la Cabrette.
Dès son arrivée à Paris, l'émigrant auvergnat, que ses parents et amis sont allés prendre à la gare, est conduit à la place qui lui est destinée, chez un compatriote, naturellement. Ils arrivent ainsi avec les sabots légendaires et les traditionnels quarante sous dans la poche. Il faut travailler presque tout de suite, sans délai. Mais qu'importe ? Beaucoup, en débutant, ont fait le rêve, s'ils réussissaient, de retourner finir leurs jours à l'endroit où ils sont nés : mais bien peu l'accomplissent, tant de liens d'affaires et de famille les retiennent une fois installés à Paris. Tous n'ont qu'un but devenir patrons. Economes et laborieux, ils amassent sou par sou pour l'achat d'un fonds de commerce, à l'ouverture d'une boutique. Ils ne reculent devant aucune tâche aussi chôment-ils rarement. L'arrivant ne ressent pas cette nostalgie du pays si fréquente ; ils se retrouvent en famille, chez des patrons qui parlent le même patois, à des tables où l'on mange les mets de leur village. Le soir, ils vont danser au son de la musette. Chaque arrière-boutique de marchand de vins passage Thiéré, rue de Lappe, est une salle de bal. Ainsi, Paris leur apparaît comme le village de leur jeunesse aux jours des grandes fêtes...c'est aussi souvent ce soir-là que se font les "rencontres" avec une payse nouvellement venue, comme eux...