Préface
Grâce à la musique, l’homme reste en relation avec ses origines les plus profondes et les plus anciennes.
La pratique de la cabrette et de la musique en général implique que ce que l’on produit vient du plus profond de soi, du lieu de la différence radicale avec l’autre.
Le défi, c’est que cette musique est encore devant nous et “que cet héritage n’est précédé d’aucun testament” : le terrain est labouré mais, à travers les vallées, les monts, les fleurs et la végétation sauvage, il faut se frayer un chemin, s’enfoncer profondément, apprendre à marcher, affronter les chaos, non pour la fuir mais pour inventer avec elle un rapport nouveau.
Le but principal de cette "Méthode pour Cabrette" est de donner à tous ceux qui apprennent cet instrument, les outils nécessaires à la pratique de la Cabrette, un guide sûr et un support de cours. C'est une méthode simple. Elle est le fruit de l'expérience acquise après quinze années de pratique du professorat au sein de l'école de Cabrette de "Cabrettes et Cabrettaïres". Deux versions sont disponibles : l'une en DO, l'autre en en FA majeur, accessible sans aucune connaissance musicale car elle permet de raisonner en terme d'intervalles commun à l'ensemble des pieds de différentes tonalités.
Je n'ai pas cru utile de m'étendre en de minutieuses et ennuyeuses explications ; je crois cependant nécessaire de souligner quelques facteurs qui contribuent notablement au résultat final.
Il est à remarquer que la façon d'étudier est plus importante que le temps passé à l'étude. Un petit quart d'heure par jour, c'est mieux que deux heures d'affilée le week-end. Le premier élément à prendre en compte, est celui d'adapter les cours, en fonction de l'aptitude propre à chaque individu, ses aspirations, et le temps que celui-ci peut y consacrer.
Il est nécessaire que l'élève, dès le début, prenne grade de ne pas contacter de mauvaises habitudes, surtout, dans le doigté, car ensuite il serait très difficile de les éliminer.
Les études les plus sévères (exercices de technique, gammes, appoggiatures), sont celles qui influent davantage sur le rendement. Il faudra donc quelles soient exécutées avec soin et régularité.
Ne soyez pas impatient de jouer des morceaux supérieurs en difficultés à votre degré d'études, ce serait une grave erreur qui entraînerait le non-respect des bases.
Le choix de l'instrument a également son importance : aussi, il est utile de s'en rapporter à la compétence du professeur.
Victor Laroussinie
Généralités
Les sons sont produits par des vibrations. La fréquence correspond au nombre de vibrations par seconde d’un son.
1 hertz = 1 vibration complète par seconde.
La fréquence désigne généralement le nombre de fois qu'un phénomène périodique (qui se répète à des intervalles réguliers) se reproduit par unité de temps (une seconde, une minute, une heure, etc.). Par exemple, la fréquence de pédalage chez un cycliste est le nombre de tours de pédale par minute ou bien la fréquence cardiaque est le nombre de battements du cœur par minute.
L'oreille humaine moyenne ne perçoit les sons que dans une certaine plage de fréquences située environ entre 20 Hz (en dessous les sons sont qualifiés d'infrasons) et 20 kHz, soit 20 000 Hz (au-delà les sons sont qualifiés d'ultrasons).
Le rapport des fréquences de deux notes à l'octave est de 2. Monter d'une octave équivaut à "multiplier la fréquence par 2". Par exemple, fréquence du la3 = 440 Hz; fréquence du la4 = 880 Hz
La gamme tempérée est caractérisée par des demi-tons égaux. Le rapport des fréquences de deux demi-tons est r.
Monter d'un demi-ton équivaut à "multiplier la fréquence par r".
L'octave étant partagée en 12 demi-tons égaux, on peut dire que "monter d'une octave" équivaut à "monter de 12 demi-tons", ce qui conduit à l'équation 2 = r12.
On peut maintenant en déduire le rapport des fréquences de deux demi-tons r = 12√2= 1,05946
Note\octave |
0 |
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
7 |
Do |
32,70Hz |
65,41Hz |
130,81Hz |
261,63Hz |
523,25Hz |
1046,50Hz |
2093,00Hz |
4186,01Hz |
Do♯ |
34,65Hz |
69,30Hz |
138,59Hz |
277,18Hz |
554,37Hz |
1108,73Hz |
2217,46Hz |
4434,92Hz |
Ré |
36,71Hz |
73,42Hz |
146,83Hz |
293,66Hz |
587,33Hz |
1174,66Hz |
2349,32Hz |
4698,64Hz |
Ré♯ |
38,89Hz |
77,78Hz |
155,56Hz |
311,13Hz |
622,25Hz |
1244,51Hz |
2489,02Hz |
4978,03Hz |
Mi |
41,20Hz |
82,41Hz |
164,81Hz |
329,63Hz |
659,26Hz |
1318,51Hz |
2637,02Hz |
5274,04Hz |
Fa |
43,65Hz |
87,31Hz |
174,61Hz |
349,23Hz |
698,46Hz |
1396,91Hz |
2793,83Hz |
5587,65Hz |
Fa♯ |
46,25Hz |
92,50Hz |
185,00Hz |
369,99Hz |
739,99Hz |
1479,98Hz |
2959,96Hz |
5919,91Hz |
Sol |
49,00Hz |
98,00Hz |
196,00Hz |
392,00Hz |
783,99Hz |
1567,98Hz |
3135,96Hz |
6271,93Hz |
Sol♯ |
51,91Hz |
103,83Hz |
207,65Hz |
415,30Hz |
830,61Hz |
1661,22Hz |
3322,44Hz |
6644,88Hz |
La |
55,00Hz |
110,00Hz |
220,00Hz |
440,00Hz |
880,00Hz |
1760,00Hz |
3520,00Hz |
7040,00Hz |
La♯ |
58,27Hz |
116,54Hz |
233,08Hz |
466,16Hz |
932,33Hz |
1864,66Hz |
3729,31Hz |
7458,62Hz |
Si |
61,74Hz |
123,47Hz |
246,94Hz |
493,88Hz |
987,77Hz |
1975,53Hz |
3951,07Hz |
7902,13Hz |
Quelle que soit la tonalité du pied, on appelle note Fondamentale celle qui donne le son le plus grave et note Tonique la première note du ton. Exemples : pour un "39", la note fondamentale est un SOL et la tonique un DO. Pour un "47", la note fondamentale est un MI et la tonique un LA.
La gamme que nous connaissons tous, DO RE MI FA SOL LA SI DO, est constituée d'une suite de tons et de demi-tons :
entre Do et Ré : 1 ton;
entre Ré et Mi : 1 ton;
entre Mi et Fa : 1/2 ton;
entre Fa et Sol : 1 ton;
entre Sol et La : 1 ton;
entre La et Si : 1 ton;
entre Si et Do : 1/2 ton.
Mais il faut savoir, qu'un ton peut être divisé en deux demi-tons !
Sachant que le dièse (#) augmente la note d'un demi-ton, et que le bémol (b) diminue la note d'un demi-ton, nous pouvons trouver la gamme chromatique qui suit :
DO - DO# ou REb - RE - RE# ou MIb - MI - FA - FA# ou SOLb - SOL - SOL# ou LAb - LA - LA# ou SIb - SI - DO
Le Mi# se joue Fa, le Fab se joue Mi, le Si# se joue Do, le Dob se joue Si.
Retenez que le bécarre annule l'action des dièses ou des bémols.
Dans cette méthode en DO, la note fondamentale est un SOL et la tonique un DO.
PIEDS |
59 |
55 |
52 |
50 |
47 |
44 |
42 |
39 |
37 |
35 |
33 |
31 |
29 |
Fréquence en Hz |
262 |
277 |
294 |
311 |
330 |
349 |
370 |
392 |
415 |
440 |
466 |
494 |
523 |
DO |
DO# |
RE |
RE# |
MI |
FA |
FA# |
SOL |
SOL# |
LA |
SIb |
SI |
DO |
|
Sib |
SI |
DO |
DO# |
RE |
MIb |
MI |
FA |
FA# |
SOL |
LAb |
LA |
Sib |
|
LA |
LA# |
SI |
SI# |
DO# |
RE |
RE# |
MI |
MI# |
FA# |
SOL |
SOL# |
LA |
|
SOL |
SOL# |
LA |
LA# |
SI |
DO |
DO# |
RE |
RE# |
MI |
FA |
FA# |
SOL |
|
Tonique |
FA |
FA# |
SOL |
SOL# |
LA |
Sib |
SI |
DO |
DO# |
RE |
Mib |
MI |
FA |
MI |
MI# |
FA# |
FA |
SOL# |
LA |
LA# |
SI |
SI# |
DO# |
RE |
RE# |
MI |
|
RE |
RE# |
MI |
MI# |
FA# |
SOL |
SOL# |
LA |
LA# |
SI |
DO |
DO# |
RE |
|
Fondamentale |
DO |
DO# |
RE |
RE# |
MI |
FA |
FA# |
SOL |
SOL# |
LA |
SIb |
SI |
DO |
La découverte de l'instrument
Avant de faire l'acquisition d'un instrument, il importe de connaître certaines données fondamentales. La Cabrette est un instrument assez simple, toutefois il est nécessaire que l'élève connaisse sa structure.
La poche
Le sac est en peau de chèvre recouvert d'une robe de velours frappé, le plus souvent frangé d'or. A son extrémité, la tête : elle est en bois ou en ivoire parfois sculptée en forme d'animal ou humaine. A l'autre extrémité, le porte-vent : il relie le soufflet au sac pour alimenter celui-ci en air. Il est muni d'un clapet en cuir qui empêche l'air de s'échapper du sac.
Le pied
Le pied ou hautbois est en bois précieux tel que l'ébène, l'amourette, le buis ou en bois exotiques raffinés. C'est lui qui donne le son grâce à une anche double située à son extrémité. Les pieds de Cabrette sont désignés en fonction de leur longueur. On dit un "39" pour un hautbois en tonalité de DO, un "42" pour un hautbois en SI, un "47" pour un hautbois en LA, etc. Le son particulier de la Cabrette est dû à la perce conique des deux pavillons. Le tuyau d'accompagnement est appelé Bourdon lorsqu'il a une perce cylindrique surmontée d'une anche battante et Chanterelle lorsqu'il a un perce conique surmontée d'une anche double.
Le boîtier relie ces deux hautbois au sac permettant ainsi l'interchangeabilité des pieds. Il est souvent en ivoire, en os ou en bois précieux. Il assure également la communication de l'air entre les deux hautbois afin de jouer avec le Bourdon ou la Chanterelle.
Le soufflet
Il est réalisé en bois tendre et en peau de chèvre. Il est attaché à la taille par une ceinture et au bras par une dragonne. Il sert à alimenter le sac en air.
La position
Assis, le corps droit, les pieds à plat, les jambes un peu écartées. Le sac est posé sur la cuisse gauche, légèrement vers l'extérieur. Le soufflet à la ceinture, sur la hanche droite, la bride suffisamment relâchée. Les doigts bouchent les trous avec les coussinets de la première phalange.
Bonne position des mains
Mauvaise position des mains ; attention aux doigts crochus !
Rechercher le son de la Cabrette
Le sac est rempli d'air à l'aide du soufflet. Lorsqu'on entend l'air circuler dans le pied, il faut exercer sur le sac une pression constante avec le bras pour obtenir un son continu. Cette pression sera accentuée dès que les notes seront plus aiguës. Le sac doit être régulièrement réalimenté en air par des petits coups de soufflet. Lorsqu'on alimente en air, la pression du bras sur le sac doit être diminuée. Celle-ci joue donc un rôle de régulateur pour éviter toute surpression ou dépression qui peut altérer à la fois la justesse de la note et le timbre de l'instrument. Si on relâche la pression du bras, le son doit s'arrêter net.
Le premier exercice consiste à "donner le vent" sur la première note du pied (SOL) en bouchant tous les trous sauf le petit doigt de la main droite pour obtenir un son continu juste. On doit écouter un son régulier dépourvu d'ondulations.
Le deuxième exercice consiste à apprendre la gamme et ses différentes articulations.
Les différentes articulations de la gamme
Important
L'élève doit s'habituer à ne pas lever l'index de la main gauche pour faire "la fourche" (FA), il doit découvrir le trou en faisant pivoter la première phalange de celui-ci.
Le troisième exercice : monter lentement la gamme en alimentant le sac entre chaque note tenue par des petits coups de soufflet.
Les notes liées
Pour obtenir un son lié, les notes jouées sont enchaînées les unes aux autres sans frottement. Elles ne doivent pas être interrompues.
Les notes doublées
Pour effectuer une note doublée, on fait un retour sur la note précédente avant de refaire la même note.
Les notes piquées
Pour obtenir un son piqué, il faut d'abord passer rapidement par la note fondamentale (tout bouché) avant d'exécuter la note suivante. Elles sont représentées par un point sous la note : ·
Les notes répétées
Pour jouer deux mêmes notes consécutivement, on est obligé de faire un retour sur la note fondamentale (tout bouché) avant de refaire la même note.
Les différentes gammes
Simple
Les notes sont liées. (sol, la, si, do, ré, mi, fa, solñ, fa, mi, ré, do si, la, sol) Etre attentif au passage entre le Fa et le Mi ; (Synchronisation entre l'index et le majeur), on ne doit pas entendre un Ré entre le Fa et le Mi.
Doublée
Les notes sont liées. On effectue la gamme simple, mais avant de faire la note suivante on répète la précédente. (sol la, sol la si, la si do, si do ré, do ré mi, ré mi fa, mi fa solñ, fa solñ fa, solñ fa mi, fa mi ré, mi ré do, ré do si, do si la, si la sol).
Piquée
Les notes sont piquées. On effectue la gamme simple en passant rapidement par la note fondamentale (tout bouché) avant d'exécuter la suivante. (sol la, sol si, sol do, sol ré, sol mi, sol fa, sol solñ)
Répétée
Chaque note de la gamme simple est répétée deux fois. (sol, la sol la, si sol si, do sol do, ré sol ré, mi sol mi, fa sol fa, solñ sol solñ)
Important
Le quatrième exercice :
Dans un premier temps, monter et descendre les gammes en jouant très lentement et en recherchant la justesse des notes et les bonnes articulations.
Puis, on augmente progressivement la vitesse en s'attachant tout particulièrement à la régularité de celles-ci, (toutes les notes doivent avoir la même durée)
Etre vigilant dans les gammes simples et doublées à la synchronisation entre l'index et le majeur ; on ne doit pas entendre un RE entre le FA et le MI.
Etre attentif aux notes liées dans la gamme répétée (retour sur la note fondamentale pour répéter la note mais pas pour faire la suivante)
Pour la gamme piquée, faire attention à la pression du bras sur le sac qui doit être accentuée dans les notes aiguës, mais en même temps diminuée pour le retour sur la note fondamentale (tout bouché) afin d'éviter toute surpression.
Apprentissage du Fa grave (Faò)
A partir du Sol (tout bouché), fermer le dernier trou avec le petit doigt de la main droite.
Apprentissage du La aigu (Lañ)
A partir du Solñ aigu, boucher simultanément le pouce de la main gauche, l'index et le majeur de la main droite en augmentant la pression du bras sur le sac afin d'augmenter le débit d'air.
L'harmonisation des notes
Les notes vibrées : do, ré, mi, fa, solñ
L'harmonisation de ces notes consiste à effectuer des battements réguliers avec l'index de la main droite (dans le même rythme que le morceau joué) après avoir exécuté la note.
Les vibrés s’effectuent sur les notes longues pour les faire "chanter".
Cas particulier du Liemanié : (do) L'harmonisation de cette note consiste également à effectuer des battements réguliers avec l'index de la main droite en le faisant glisser vers le bas afin de découvrir le trou environ aux trois quarts (suivant les pieds).
On obtient ainsi une sorte de vibrato, une variation régulière du son (qui reprend périodiquement la même valeur)
Cas particulier de la fourche : (fa) Utilisée essentiellement dans les regrets, l'harmonisation de cette note consiste également à effectuer des battements réguliers avec l'index de la main droite en découvrant le trou environ aux trois quarts (suivant les pieds) pour obtenir un léger vibrato.
Application : Je vous conseille de commencer par apprendre un regret en recherchant la justesse des notes, les bonnes articulations et en effectuant des battements lents et réguliers sur les notes vibrées.
L'apprentissage des demi-tons
A partir du SOLñ aigu, fermer le dernier trou avec le petit doigt de la main droite.
Application :
Les coups de doigt
Ce sont des notes d'ornement qui précèdent la note réelle, appelées appoggiatures. Les coups de doigt ont pour but de donner de la cadence et des nuances au morceau interprété. Attention il faut les utiliser à bon escient ! Pour l'expliquer, je prends comme image la parole : quand je parle, je prends ma respiration à des endroits bien précis; je ne hache pas la conversation : c'est la différence entre rythme et cadence. On peut très bien jouer en rythme, en mesure, mais sans cadence le morceau interprété est sans vie, sans histoire.
Sur les notes liées (La, Si, Do, Ré, Mi, Fa)
Ces coups de doigts sont utilisés dans les parties "chantées", les parties de charme, pour avoir un jeu coulé, tout en finesse. On joue la note puis, on exécute le coup de doigt qui doit être lié à la note suivante.
ü Sur le La : Exécuter la note La puis la faire suivre, de façon liée, de son coup de doigt : ouvrir le Ré (l'annulaire de la main gauche) et le refermer pour se retrouver sur le La.
ü Sur le Si : Exécuter la note Si puis la faire suivre, de façon liée, de son coup de doigt : ouvrir le Ré (l'annulaire de la main gauche) et le refermer pour se retrouver sur le Si.
ü Sur le Do : Exécuter la note Do puis la faire suivre, de façon liée, de son coup de doigt : ouvrir le Ré (l'annulaire de la main gauche) et le refermer pour se retrouver sur le Do.
ü Sur le Ré : Exécuter la note Ré puis la faire suivre, de façon liée, de son coup de doigt : on lève l'index de la main droite que l'on referme rapidement pour se retrouver sur le Ré.
ü Sur le Mi : Exécuter la note Mi puis la faire suivre, de façon liée, de son coup de doigt : on lève l'index de la main gauche (doigts de la main d'en bas fermés) puis abaisser l'index pour se retrouver sur le Mi.
ü Sur le Fa: Exécuter la note Fa (fourche) puis la faire suivre, de façon liée, de son coup de doigt : en levant le pouce que l'on referme.
Application :
Sur les notes piquées (La, Si, Do, Ré, Mi, Fa)
Il a pour but d'harmoniser et de mettre l'accent sur la note piquée. Il fait jaillir la note du morceau pour en quelque sorte la montrer. En règle générale, on le place sur les temps forts pour donner de la cadence. Le coup de doigt est bâti sur la note. Lorsque le coup de doigt est exécuté, on doit entendre une sorte de "claquement".
ü Sur le La : La note est piquée donc on commence par effectuer la première note du pied (tout bouché) puis on débouche en même temps les notes La et Ré (lever l'annulaire de la main droite : La et celui de la main gauche : Ré) pour refermer très rapidement l'annulaire de la main gauche : le Ré ; (comme un clapet) pour être sur le La.
ü Sur le Si : La note est piquée donc on commence par effectuer la première note du pied (tout bouché) puis on débouche en même temps les notes Si et Ré (lever annulaire et majeur de la main droite : Si ; et l'annulaire de la main gauche : Ré ) pour refermer très rapidement l'annulaire de la main gauche : le Ré (comme un clapet) pour être sur le Si.
ü Sur le Do : La note est piquée donc on commence par effectuer la première note du pied (tout bouché) puis on débouche en même temps les notes Do et Ré (lever les trois doigts de la main droite : Do et l'annulaire de la main gauche : Ré ) pour refermer très rapidement l'annulaire de la main gauche : le Ré (comme un clapet) pour être sur le Do.
ü Sur le Ré : La note est piquée donc on commence par effectuer la première note du pied (tout bouché) puis on débouche "la fourche" (Fa) et on rebouche très rapidement l'index de la main gauche (comme un clapet) pour être sur le Ré.
ü Sur le Mi : La note est piquée donc on commence par effectuer la première note du pied (tout bouché) puis on débouche les trois doigts de la main gauche (Fa# la main droite fermée !); et on referme très rapidement l'index (comme un clapet) pour être sur le Mi.
ü Sur le FA : La note est piquée donc on commence par effectuer la première note du pied (tout bouché) puis on lève en même temps la "fourche" (Fa) et le pouce (Solñ) Le pouce aussitôt doit se refermer rapidement par un petit claquement bref pour finir, on doit se retrouver sur la "fourche" (Fa)
S'habituer à lever la "fourche" et le pouce en même temps.
Application :
Sur les notes détachées (La, Si, Do, Ré, Mi, Fa)
C'est un compromis entre les coups de doigts sur les notes piquées et les notes liées. On les utilise pour remplacer des notes piquées ou lorsque l'on veut arrondir le son sur un temps fort notamment dans les regrets. On utilise les mêmes articulations que pour les coups de doigts sur les notes piquées mais on ne passe pas par la note fondamentale (tout bouché) pour effectuer la note. Chaque coup de doigt peut être précédé de n'importe quelle note. Dans les schémas ci-dessous, on utilise la note précédente.
ü Sur le La : On commence par effectuer la première note du pied (tout bouché) puis on débouche en même temps les notes Ré et La (lever l'annulaire de la main droite : La et celui de la main gauche : Ré ) pour refermer très rapidement le Ré (comme un clapet) pour être sur le La.
ü Sur le Si : On est sur la note précédente (La), puis on débouche en même temps les notes Si et Ré (lever annulaire et majeur de la main droite : Si et l'annulaire de la main gauche : Ré ) pour refermer très rapidement le Ré (comme un clapet) pour être sur le Si.
ü Sur le Do : On est sur la note précédente (Si), puis on débouche en même temps les notes Do et Ré (lever la main droite pour être sur le Do et l'annulaire de la main gauche : Ré ) pour refermer très rapidement le Ré (comme un clapet) pour être sur le Do.
ü Sur le Ré : On est sur la note précédente (Do), puis on débouche "la fourche" (Fa) et on rebouche très rapidement l'index de la main gauche (comme un clapet) pour être sur le Ré.
ü Sur le Mi : On est sur la note précédente (Ré), puis on débouche la main gauche (Fa#, la main d'en bas fermée !) ; et on referme très rapidement l'index (comme un clapet) pour être sur le Mi.
ü Sur le Fa : On est sur la note précédente (Mi), puis on lève en même temps la "fourche" (Fa) et le pouce. Le pouce aussitôt doit se refermer rapidement par un petit claquement bref pour finir, on doit se retrouver sur la "fourche" (Fa)
S'habituer à lever la "fourche" (Fa) et le pouce en même temps.
Application :
Exercice : Monter lentement les différentes gammes de coups doigts en augmentant progressivement la vitesse.
Très important : Lorsque l'on sait jouer lentement on sait jouer vite mais l'inverse n'est pas vrai car on ne maîtrise pas ce que l'on fait.
Les fourches escamotées
Les fourches escamotées (MI, FA#) sont surtout utilisées dans les bourrées pour donner de la cadence mais aussi dans les valses où autres pour effectuer des mouvements tournant. Les fourches escamotées commencent et se terminent toujours par une note piquée. La particularité de cette articulation est que la main droite reste fermée lorsque qu'on exécute la note FA#. Insister sur la rapidité d'exécution des notes sans oublier que l'on doit entendre clairement les trois notes.
Les différentes fourches escamotées à apprendre seront étudiées dans le chapitre "Picotage".
La plus utilisée est celle que l'on place avec le SOLñ.
Si on décompose l'articulation, on part sur une note piquée donc tout bouché : MI, puis FA# (main gauche ouverte, main droite fermée) et enfin on repasse par tout bouché pour faire un SoLñ piqué.
Application :
Les ornements de fin de phrase
Le retour sur la note tonique Do
Il est utilisé en fin de phrase pour relancer la mélodie et varier le thème suivant installant ainsi un dialogue.
ü Avec le Mi : les notes sont jouées dans le même rythme que le morceau joué.
Cet ornement est souvent doublé dans les morceaux rapides tels que les bourrées, polkas.
Application :
Le picotage
Toute la technique de picotage très élaborée de la Cabrette ne sera pas abordée dans ce chapitre. Cependant, les différentes gammes analysées ci-dessous vous permettront d'appréhender toutes les techniques.
L'approche
Premier exercice
Dans un premier temps, on travaille l'exercice suivant en recherchant la régularité des notes et en augmentant progressivement la vitesse. Les trois notes sont piquées : il faut donc d'abord passer rapidement par la note fondamentale (tout bouché) avant d'exécuter la note suivante.
Application :
Les différentes gammes de picotage à apprendre
Les deux premières notes sont liées car elles introduisent le picotage dans la phrase du morceau joué, elles préparent le terrain. Les notes suivantes sont piquées.
Le passage du Si au Ré est très rapide, les doigts se lèvent très peu. C'est là où réside la difficulté. Dans un premier temps, les différentes gammes sont apprises avec les bonnes articulations en augmentant progressivement la vitesse. Ensuite, accélérer le passage du Si au Ré toujours progressivement. Pour bien sentir le rythme on peut effectuer les différentes gammes sans faire le Si (j'entends physiquement) mais l'élève doit penser dans sa tête qu'il retient ses doigts pour ne pas faire la note. Ensuite lorsqu'il en a la maîtrise, il peut légèrement lever les doigts (Si)
Les exercices suivants sont enchaînés les uns aux autres comme une gamme. Ils doivent être réalisés en continuité. Il est à noter que seul la dernière note change.
Deuxième exercice
Application :
Troisième exercice : ici, on inverse les deux premières notes qui guident le picotage.
Application :
Etudier le même morceau en inversant les deux premières notes. Travailler lentement en décomposant toutes les articulations, puis augmenter progressivement la vitesse.
Quatrième exercice : Dans l'exercice suivant, on utilise la "fourche escamotée" (main droite fermée) pour emmener le picotage.
Application :
Etudier le même morceau en utilisant la "fourche escamotée"
Les coups de doigts particuliers
ü Sur le Mi : Ce coup de doigt peut être indifféremment précédé d'une note piquée ou liée selon la couleur de la phrase interprétée. Le passage de 2/ à 3/ est très rapide ; c'est une note doublée exécutée très rapidement.
ü Sur le Do : C'est une note doublée exécutée très rapidement qui commence le plus souvent par une note piquée.
ü Sur le Si : Il est utilisé pour harmoniser la note lorsque celle-ci est longue ou en début de phrase pour préparer une note piquée. C'est une sorte de trémolo, la note est vibrée dans le même rythme que le morceau joué avec l'annulaire de la main gauche.
Application :
ü Sur la "Fourche" : Ce n'est pas un coup de doigt à proprement dit ; pour effectuer un FA piqué, que ce soit dans un picotage ou non, on ne fait plus la fourche on lève uniquement l'index de la main gauche.
Le son est plus chaud, plus rond, moins agressif et dépourvu d'impuretés, de parasites.
Application :
ü Sur le "Ré" : Il s'agit d'harmoniser la note en effectuant des battements réguliers avec l'index de la main gauche (Fa) Cette harmonisation est enchaînée au coup de doigt sur la note piquée Ré et essentiellement utilisée en fin de phrase.
Appilcation :
Vous pouvez vous procurer auprès de l'association "Cabrettes et Cabrettaïres" les méthodes pour Cabrette en DO et FA Majeur.
Les recueils de partitions spécialement transcrits pour la Cabrette qui accompagnent cette méthode sont disponibles sur le site : https://www.ligue-auvergnate.com/index.php?option=com_content&view=article&id=71&Itemid=271
J'ai donné le meilleur de moi-même dans la rédaction de cette "Méthode pour Cabrette". Je n'ai cependant pas la prétention d'avoir créé une méthode parfaite. Mais je serai toujours reconnaissant à tous ceux (élèves, professeurs, pratiquants, etc.) qui m'apporteront leurs suggestions pour l'amélioration de l'enseignement de la Cabrette dans le but de contribuer à son essor et une plus grande diffusion de l'instrument. D'avance je les en remercie.
N'oubliez pas que dans la vie on est rien sans l'autre ; il faut transmettre ce que l'on a appris, ce que l'on ne donne pas est perdu…
Victor Laroussinie