Le haut plateau de l'Aubrac est parsemé çà et là de curieuses petites maisons de pierre, couvertes de lauzes : les burons; marqueurs forts de l’identité culturelle et paysagère de l’Aubrac. Ils ont accueillis hommes et bêtes durant les périodes d’estives. Entre mai et octobre, les troupeaux étaient mis en pâturage et le lait collecté, transformé sur place en fromage. Cette tradition pastorale a peu à peu disparu, mais, pour redécouvrir ce patrimoine et mettre en lumière ces « fromageries d’estives », le Parc Naturel de l'Aubrac a créé la « Nuit des burons ».
Alors qu'à l'époque, les burons de l'Aubrac rassemblaient 300 burons fonctionnels, aujourd'hui, seulement quelques dizaines sont en état. Ainsi, en mêlant patrimoine et culture, cette initiative est destinée à faire vivre, et à rendre hommage aux élevages et éleveurs de l'Aubrac, en donnant une seconde vie aux burons.
Pour cette 2e édition, le Parc avait donné rendez-vous le samedi 22 juin 2019, au plus près de la Saint-Jean, date de la traditionnelle « Fête des buronniers ». En effet, pendant ce jour de fête, les buronniers avaient pour coutume de dresser un « arbre », mat d'une dizaine de mètres et d’allumer un feu afin de montrer que le buron était ouvert. À la nuit tombée, aligot, chants, musiques et danses animaient les burons…
Ainsi, des animations festives et variées dans 10 burons disséminés sur l’Aubrac étaient proposées.
Poursuivant des actions communes de partenariat depuis maintenant plus d’une année, la Ligue Auvergnate et du Massif Central, proposait un programme au "Buron des Boules" près des Lacalm en faisant découvrir quelques-unes des richesses de notre patrimoine immatériel de notre plateau aubracien, si chères au cœur de tous, nés sur le territoire ou dans notre capitale.
Dès 18 heures, sous un soleil radieux, dans ce cadre idyllique du buron des Boules, l’un des plus grands de la région, les portes d'une montagne sublimée et intemporelle s'ouvrent offrant un panorama grandiose s'étendant des monts du Cantal à la vallée de la Truyère.
Peu à peu les gens arrivent, accueillis autour d’un apéritif convivial, au son de la cabrette et de l’accordéon, chacun est heureux de découvrir ce lieu et découvrir les expositions qui leur étaient déjà proposées librement.
Mesdames Régine PECHBERTY, chargée de mission au PNR, Isabelle CAZALS, présidente de la LIGUE AUVERGNATE, entourées de 11 animateurs (musiciens, chanteurs, costumés, parlant la langue d'Oc) accueillaient chaque convive joyeusement.
Tandis que certains s’attardaient devant le stand du PNR afin de découvrir les richesses des initiatives de ce tout nouveau parc régional, d’autres prenaient part, des fourmis dans les jambes à l’enthousiasme communicatif de nos quatre musiciens tandis que d’autres découvraient une exposition inédite et d’une richesse incroyable : les costumes de nos 3 départements Aveyron, Cantal, Lozère présentés par Annie BAYOL, Sophie BORREL et Sylvie BRUNET. Avec un souci de la vérité, des pièces authentiques étaient exposées, comme une merveilleuse blouse brodée d’homme de l’Aubrac ou bien des gilets bourgeois aux tissus chatoyants en soie si rares de nos jours, jusqu’aux reproductions fidèles exposées amenant l’admiration de nos couturières au pays, comme à Paris.
Une collection de coiffes brodées, avec un ensemble de chapeau, dévoilé par Jean-François BLANC, rappelant que si les photos d’antan étaient en noirs et blancs, nos costumes régionaux (hors mis pour le deuil) étaient de couleurs bien plus variées que ce que nous pourrions l'imaginer. Et cela jusqu’aux costumes d’enfants, où l’on s’est plu à imaginer quelques instant les rires de ceux qui ont pu les porter en sortie de messe, chaque dimanche.
Après un mot d’accueil de notre présidente présentant l’étendu des activités de la Ligue Auvergnate à Paris et en liaison avec le Pays auprès d’un public très attentif, l'heure était venue de déguster les produits de la ferme du Verdier, petite ferme en polyculture-élevage telle que les fermes existaient il y a encore 50 ans. Les produits du terroir faits maison et l'incontournable aligot-saucisse nous emmenèrent au cœur de la cuisine de notre territoire.
La soirée fut ponctuée par des intermèdes artistiques et culturels. Six chanteurs des chœurs de la "Bourrée de Paris" toute en couleur de leurs beaux costumes traditionnels ont interprété des chants – certains en langue d'Oc – a capella dont les interprétations nostalgiques des exilés de nos campagnes clamant leur fidélité à leur Pays natal semblaient ouvrir une lucarne sur la profondeur de l’âme.
Puis Thierry BORREL présenta les costumes des trois départements présents sur le plateau de l'Aubrac; l'Aveyron, le Cantal et la Lozère et nous conta l'origine ou la légende du fameux "Babarel" : La reine Margot était en ce temps exilée au château de Carlat proche d'Aurillac. Un jour, alors qu'elle était en galante compagnie, la visite du roi vint troubler son tête-à-tête. Dans la hâte, elle se revêtit, dans la précipitation et mit son corset à l'envers: le bas vers le haut. Le temps manqua pour réparer cette erreur, elle mit donc un bouquet de fleurs pour combler l'espace laissé au niveau de la poitrine. La légende veut que chacun admira cette toilette et que les compliments fusèrent. Une mode était née.
Ensuite, c'était au tour de Sébastien ALARD de nous surprendre en entonnant a capella "La Montagne" de Jean Ferrat en Occitan ! Et l'incontournable "Lou Mazuc" qui décrit la vie simple et rude des buronniers sur le plateau de l'Aubrac. Chacun était ému à cette écoute et en premier lieu, certainement André VALADIER président du Parc Naturel Régional de L’Aubrac et présent à ce titre lors de notre nuit arverne en décembre 2018 à Paris, qui nous faisait la joie de sa présence, ce soir-là.
L'autre thème abordé pendant la soirée et présenté par Gérard GASQ était l’occitan ou langue d’oc. Cette langue romane parlée dans le tiers sud de la France, les Vallées occitanes et Guardia Piemontese en Italie, le Val d'Aran en Espagne et à Monaco fut très tôt, dès le Moyen Âge classique, une langue administrative et juridique concurrente du latin nous raconte Gérard en passant par les croisades jusqu'à nos jours.
Les "Noces Champêtres" qui ont suivi, interprétées par Jacques ROUVELLAT et composées par Jacques Hotteterre, fabricant de Musette, ont donné une note Baroque à cette soirée qui s'est terminée en musique avec nos quatre musiciens Mathieu PUECHMAILLE, Marc ETOURNEAUD, Sébastien ALARD à l'accordéon et Jacques ROUVELLAT à la Cabrette.
Les sons émis par les étoiles peuvent être écoutés. Mais ce soir-là, notre musique traditionnelle s'est développée comme un magnifique voyage à destination d'étoiles inconnues, vers lesquelles il faut se laisser transporter, en oubliant le présent terrestre, trop pesant pour s'élever avec légèreté dans l'espace infini.
Secouons les étoiles !