Afin d’honorer la mémoire d’un grand Homme, célèbre Lozérien qui prit l’initiative de fonder l’Association Lozérienne, le 21 juin 1880 et de célébrer les 120 ans de sa mort, L’Association des Lozériens de Paris, en partenariat avec le conseil départemental de la Lozère, a souhaité se réunir, avec des Lozériens de Paris, mercredi 10 mai 2023, à 10h, près de sa stèle parisienne, toute de pierre vêtue, à l’angle des avenues de l’Observatoire et Denfert Rochereau, dans le XIVème arrondissement.
La météo très maussade permit cependant à Sophie PANTEL, pdte du CD Lozère et à Jean-Pierre BONICEL, pdt de l’ALP de déposer devant la statue de Théophile ROUSSEL, deux gerbes de fleurs en hommage respectueux au grand Lozérien et de prendre une photo de groupe avant de se réfugier, avec les amis présents, dans une brasserie pour la suite de la commémoration.
C’est ainsi que dans la brasserie : « Le Cristal », toute proche, trois musiciens : Yannick ROUSSEAU, pdt de « Cabrettes et Cabrettaïres » ; Régine BONNENFANT et Alain SALIES apportèrent d’emblée une note ensoleillée et traditionnelle, en interprétant à la cabrette et l’accordéon, des morceaux entraînants.
Jean-Pierre BONICEL, pdt de l’ALP, précisa, en introduction, que cet événement célébrait à la fois, les 120 ans de la mort de Théophile ROUSSEL et les 143 ans de l’Association des Lozériens de Paris et qu’un toilettage de la statue avait été demandé en 2020 par l’ALP. Il remercia chaleureusement Sophie Pantel, Présidente du Conseil Départemental de la Lozère, René-François BERNARD, élu au Conseil de Paris ; Anne BERNARD-GELY, pdte de la Paroisse Lozérienne de Paris ; Le Père Joseph BOISSIER, aumônier de la Paroisse Lozérienne de Paris ; Josyane DELMAS-BOUCHARD, membre du Comité exécutif de la Ligue Auvergnate, représentant la Ligue Auvergnate, Isabelle CAZALS, pdte de la Ligue Auvergnate étant excusée ; Jean-François SERRE, pdt de la Veillée d’Auvergne ; Guy TAILLADE, vice-pdt de la Veillée d’Auvergne et archiviste de la Ligue Auvergnate ; Elisabeth ROSSIGNOL, pdte de l’amicale du Val du Gévaudan ; Jean-Claude PIGEYRE, pdt de l’Aumonaise et tous les participants œuvrant pour le rayonnement de l’amicalisme.
Il expliqua que la volonté de l’ALP unie au CD Lozère était de rendre à Théophile ROUSSEL, « un hommage appuyé tant étaient essentiels et reconnus son aura politique, sociale et son engagement pour la protection de l’enfance à travers de nombreuses lois, gravées d’ailleurs dans la stèle ».
Théophile Roussel, l’empreinte Lozérienne et nationale
Sophie PANTEL, pdte du CD Lozère remercia l’ALP pour cette initiative tout en saluant chacun avec courtoisie. C’est le 27 septembre 1903, en son château d’Orfeuillette, près de Saint-Chély d’Apcher, que Théophile ROUSSEL disparut après avoir effectué durant toute sa vie « une œuvre de philanthrope et d’érudit, d’homme de conviction, républicain de la première heure ». Elle évoqua « ses études au collège Stanislas à Paris, sa foi en la science, son élection comme député de la Lozère en 1849, sa participation très active au développement de la Lozère heurtant parfois avec ses idées républicaines dans un département conservateur, sa promotion de l’agriculture, de la race bovine, son investissement pour l’avènement du chemin de fer et en tant que pdt du conseil général de la Lozère, ses actions en faveur de l’éducation et l’aménagement du territoire et ses combats d’envergure nationale pour la protection de l’enfance ». La Lozère possède des archives à numériser à propos de cet érudit, humaniste, bibliophile, qui fut un grand homme d’Etat. Après avoir remercié Cédric MAURIN pour ses travaux sur Théophile ROUSSEL, Sophie PANTEL lui rendit encore hommage en conclusion, « pour sa force de conviction républicaine et ses grands combats sociaux ».
Théophile Roussel, fondateur de l’Association des Lozériens de Paris :
D’airs de musique bienvenus, l’on s’achemina vers l’allocution de Jean-Pierre BONICEL, complimentant d’abord la brasserie : « Le Cristal » pour son accueil. Il aborda la vie intense de Théophile ROUSSEL qui, avant tout, en créant l’Association Lozérienne, souhaitait améliorer le quotidien de ses compatriotes nécessiteux à Paris. Il donna les circonstances précises de la fondation de l’Association Lozérienne qui inscrivit dans ses statuts, l’amour du Pays, la protection et la défense mutuelles et déclara que l’ALP a déjà organisé, en 1980, lors du Centenaire de l’ALP, un hommage émouvant à Théophile ROUSSEL devant sa statue puis, des conférences de Jean-Paul MAZOT en 2014 et 2021 et Cédric MAURIN en 2016 sur le sujet. « Honneur et gloire à cet illustre Lozérien aux multiples talents, officier de la Légion d’Honneur, défenseur de l’Enfance qui a eu une action fondamentale », conclut Jean-Pierre BONICEL.
Théophile Roussel : son œuvre par Cédric Maurin
La musique toujours appréciée fit place à la conférence de Cédric MAURIN présentée par Josyane DELMAS-BOUCHARD, secrétaire de l’ALP qui traça un portrait du conférencier, originaire d’Allenc en Lozère, historien, enseignant dans le second degré, grand spécialiste de Théophile ROUSSEL, préparant une thèse intitulée : « Théophile ROUSSEL : 1816-1903, philanthrope et notable républicain dans l’action publique ».
C’est alors qu’avec une rigueur scientifique remarquable, une documentation abondante et inédite et un enthousiasme pour son sujet parfaitement maîtrisé, Cédric MAURIN captiva l’assistance pendant plus d’une heure. Il décida dans son exposé très vivant, scindé en 4 points, de démontrer l’importance des réseaux, les difficultés et la pugnacité lozérienne de Théophile ROUSSEL et d’insister sur les aspects méconnus de son œuvre.
Selon le conférencier, ce notable, savant, législateur qui a eu une vie protéiforme et des statues à Paris et à Mende et Saint Chély, est en fait, assez peu célébré dans son département. Ce sont les Lozériens de Paris qui ont le plus commémoré sa mémoire. Déclinant la devise de Théophile ROUSSEL : « la faiblesse crée le droit », Cédric MAURIN déroula son exposé à propos « de ce Père rouge de la République ».
Chronologiquement, il examina d’abord la période : 1816-1851 en faisant remarquer l’intérêt des réseaux politiques dans la famille de médecins lozériens de Théophile ROUSSEL, sa conversion républicaine en 1896, les influences de MICHELET, du Père LACORDAIRE et de LAMENNAIS dans son apprentissage citoyen et politique, ses voyages en Italie, sa thèse sur la pellagre et sa première élection à Florac grâce aux réseaux familiaux, son mariage avec Elisa d’ESTREHAN, originaire de la Nouvelle Orléans, ses premières luttes sociales contre l’insalubrité.
La seconde période : 1851-1870 fut marquée par l’installation de Théophile ROUSSEL en Lozère. Il aménagea son château d’Orfeuillette, il s’occupa de ses propriétés agricoles, reboisa et apprit beaucoup auprès des populations locales. De 1850 à 1854, il fut le pdt de la Société d’Agriculture. Ce fut le temps du murissement, du tissage de réseaux et de préparation tout en étant élu au conseil général à Mende, en 1865.
De 1871 à 1890, ce fut l’époque de la grande œuvre politique du républicain modéré, il fut alors sur tous les fronts. Il Elu député de la Lozère, en 1871, il fut réélu en 1876-1877 puis, il devint sénateur de la Lozère en 1879. Il fut aussi élu membre de l’Académie de Médecine en 1872. Compétent et bienveillant, il fit voter une loi de protection pour les enfants du 1er âge en 1874, sauvant ainsi la vie de nombreux enfants, dans une période de hausse de la mortalité infantile comme d’ailleurs, à nouveau, en France depuis 2012. Sa loi sur l’assistance médicale gratuite en 1893 dans les campagnes s’accompagna de fonds attribués pour la création de 10 établissements médicaux en Lozère et fit de lui le père des établissements de santé en Lozère. Pdt du conseil général de 1873 à 1874 et de 1883 à 1903, Théophile ROUSSEL eut pour priorité de désenclaver le département grâce aux chemins de fer.
De 1891 à nos jours, ce fut le temps des honneurs avec le grand Jubilé de Théophile ROUSSEL à La Sorbonne, en 1896.
Une rue porte son nom à Paris, depuis 1904, à côté de la place d’Aligre et rue Marcadet, dans le XVIIIème arrondissement, c’est un dispensaire à son nom qui fut fondé en 1894 pour assurer des soins spécialisés gratuits. Quant à sa stèle orientée vers le Sénat, elle fut projetée Place de la Madeleine puis, dans le XXème arrondissement avant d’être finalement installée dans le XIVème arrondissement, un emplacement parfaitement en accord avec l’œuvre de Théophile Roussel puisque proche du Sénat ainsi que d’établissements hospitaliers ou autres destinés à la petite enfance. Si la mémoire de Théophile ROUSSEL se perdit dans les années 20, c’est grâce à Paul STRAUSS, sénateur, qu’elle revécut.
Pour cette conférence très complète et passionnante concernant « Théophile ROUSSEL, cœur mémoriel de l’ALP », de nombreux applaudissements félicitèrent vivement Cédric MAURIN.
Un repas en musique fut le point d’orgue festif et gourmand de ce bel évènement de l’ALP, reconnaissante envers son fondateur, Théophile ROUSSEL, qu’elle n’oublie pas et qu’elle honore, avec gratitude.