« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ».
En écho à la précédente Veillée d’Auvergne consacrée à Blaise PASCAL, cette maxime du philosophe : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas » peut s’appliquer à Georges POMPIDOU dont le lien indestructible avec l’Auvergne dépassait la raison pour ne vibrer qu’aux battements du cœur du Pays Natal. Ce lien avec le Cantal fut parfaitement analysé, avec brio par la conférencière, Isabelle MOULIER, dans le cadre du cinquantenaire de la mort, le 2 avril 1974, de Georges POMPIDOU, 19ème Président de la République française, lors de la Veillée d’Auvergne, filiale culturelle de la Ligue Auvergnate, organisée au Sénat, vendredi 14 juin 2024, à 19h, sous le haut patronage de Messieurs les sénateurs du Cantal : Bernard DELCROS et Stéphane SAUTAREL, et en partenariat avec l’Aurillacoise, en présence d’une cinquantaine d’amis.
Dans les élégants salons Pourpre du prestigieux Palais du Luxembourg, Jean François SERRE, pdt de la Veillée d’Auvergne salua courtoisement ses compatriotes, accompagné de la pastourelle du Cantal et de la Ligue Auvergnate, Ella PIGANIOL, charmante ambassadrice de nos terroirs, parée de son seyant costume cantalien et remerciée avec des fleurs, de sa souriante présence. Il présenta les excuses de la pdte de la Ligue Auvergnate, Isabelle CAZALS, remercia l’équipe de la Veillée et cita Jean-Claude MAGRIN, pdt de l’Aurillacoise, association partenaire de la Veillée pour cette rencontre ; Christiane LONGEON, pdte de la Paroisse Cantalienne de Paris ; Françoise COOLEN, nièce de Georges POMPIDOU ; Jean-Paul DOMERG, neveu de Georges POMPIDOU ; Robert FOUR, pdt fondateur des tapisseries d’Aubusson et Patrick BUREL, administrateur de l’institut Georges POMPIDOU.
Jean François SERRE rappela que la Veillée avait déjà disserté autour de Georges POMPIDOU et l’Art avec Alain POMPIDOU et que toujours, le pdt de la République cantalien avait revendiqué ses origines auvergnates, à Montboudif, son lieu de naissance, issu de parents instituteurs et de grands parents paysans et marchands de toile et qu’il représentait « une double identité comme témoin d’une modernité et d’une nostalgie, ses origines ayant imprégné sa politique notamment tournée vers une agriculture moderne et enracinée ». « J’aime ce pays, j’ai choisi de le représenter », affirma Georges POMPIDOU dans l’Auvergnat de Paris.
A Isabelle MOULIER, conférencière Jean François SERRE, adressa tous ses remerciements pour sa disponibilité. Originaire de Trizac, dans le Cantal, elle est licenciée de droit public, possède un doctorat en droitpublic. Chargée d’enseignement à Sciences Po Paris, elle est actuellement maître de conférences en droit public à l’université de Clermont Auvergne.
Au début de son exposé : « Georges POMPIDOU et l’Auvergne », , Isabelle MOULIER, déclara, d’emblée, avec Jean D’ORMESSON que Georges POMPIDOU était "le « plus exceptionnel des français moyens », un exemple de méritocratie, un pur auvergnat, « né dans un petit village de Haute Auvergne », le 5 juillet 1911, à Montboudif où il ne séjourna que 11 mois, ses parents instituteurs, puis, professeurs étant nommés à Albi. Elève très brillant, Georges POMPIDOU, qui, enfant, passait ses vacances à Montboudif, fit la fierté de ses parents, en étant reçu major de promotion à l’Agrégation de Lettres Classiques en 1934 et diplômé de Sciences Po Paris. La carrière de Georges POMPIDOU fut alors déclinée par la conférencière : son premier poste d’enseignent à Marseille, son entrée au cabinet du général de GAULLE en 1944 qu’il accompagna dans le Cantal en 1945, le Conseil d’Etat, la direction de la banque Rothschild tout en restant le collaborateur du Général, sa nomination de Premier Ministre en 1962, son soutien au député sortant du Cantal, son souhait permanent de modernisation, d’aménagement du territoire, d’industrialisation, d’évolution du tourisme, d’aide à l’agriculture et à l’élevage, son lien charnel avec l’Auvergne, représentant l’image d’un Auvergnat solide et pragmatique, incarnant la réussite d’un enfant du Pays. Entre sa terre d’élection qui fut son soutien et qu’il a développée en nommant un conseiller chargé des affaires du Cantal, il y a eu un intérêt réciproque, effectuant plusieurs visites, dont lors des législatives de 1967 remportées au premier tour. Son 3ème et dernier voyage officiel dans le Cantal en 1971 apporta au pdt Georges POMPIDOU, souffrant, « un regain d’optimisme et d’ardeur ». Après son décès en 1974, un buste fut inauguré à Montboudif, une exposition en 1977 préfigurant un musée en 1999, ouvert à tous. « Homme du terroir qui a valorisé le Cantal en se l’appropriant », Georges POMPIDOU, visionnaire, avait, dès 1968, compris, comme les aspirations actuelles, que les Français avaient besoin d’espace, de bon air…, avides de pureté, de liberté et d’authenticité ». Très érudit, amoureux de la littérature et de la poésie, Georges POMDOU a œuvré aussi pour la défense de langue française et encouragé l’art contemporain ce qui fut concrétisé par la création du centre Georges POMPIDOU. Personnalité éclectique, il était comme l’a écrit son ami Léopold Sédar SENGHOR : « homme de culture et grand homme d’Etat ». C’est ainsi qu’isabelle MOULIER conclut, sous les applaudissements, sa conférence « très dense et très fournie », tout à fait remarquable.
Durant le débat, Jean-Claude MAGRIN et Jean François SERRE narrèrent des anecdotes personnelles. Il fut aussi question du « Nœud gordien », ouvrage de Georges POMPIDOU, de Montboudif, de la parution d’une bande dessinée et des évènements liés à la commémoration du cinquantenaire de sa disparition. Après quelques traits d’humour de Guy TAILLADE, vice-pdt de la Veillée d’Auvergne et un repas très raffiné, apprécié par tous les convives, le mot de la fin de cette rayonnante Veillée d’Auvergne revint à Isabelle MOULIER : « le pdt Georges POMPIDOU, illustre compatriote cantalien, était « un conservateur d’avant-garde »… et un passionné de l’Auvergne.