C'est avec un profond sentiment d'émotion et de tristesse partagé aujourd’hui par l'ensemble des Auvergnats à Paris, que nous venons ici rendre hommage à notre président d’honneur, Raymond TREBUCHON, qui nous a quittés ce lundi 6 janvier 2025, dans sa 91ème année. Son sourire et son investissement nous ont accompagnés durant plus de 40 années d’amicalisme.
Raymond TREBUCHON est né le 23 aout 1934 à Saint-Denis-en-Margeride, petit village lozérien au milieu des montagnes. Aîné de 6 enfants, il est fils d’un cantonnier, précision qu’il rappellera avec fierté durant toute sa vie, viscéralement attaché à sa famille, à sa région et à ses origines. Après de brillantes études à la faculté de Montpellier où il obtient une licence en droit et deux diplômes d’études supérieures d’économie politique et de sciences économiques, il entre à la Banque de France. En 1966, à la Caisse nationale de Crédit Agricole où il termine sa carrière, il exerce ses fonctions comme directeur des relations avec les caisses régionales puis comme directeur de l’inspection générale et de l’audit.
Il est promu chevalier de la Légion d’honneur et chevalier de l’ordre National du Mérite.
Président de l'amicale de Saint-Amans-Lozère en 1968, il devient président de l'Association et Union des Amicales Lozériennes en 1972. En 1981, il prend les rênes de notre confédération, amenant une nouvelle ère pour la Ligue Auvergnate en succédant à trois générations de "Louis Bonnet".
Au cours de ses 30 années de présidence, il fut l’artisan de rencontres mémorables mettant à l’honneur d’illustres compatriotes, du livre et des festivités remarquables du Centenaire dans notre capitale ainsi qu’un soutien indéfectible de nos pastourelles.
Ses passions et qualités littéraires l’ont entraîné vers la poésie et la littérature en initiant notamment le Prix Littéraire Arverne qui ne cesse, depuis sa création, de gagner en notoriété.
Investi, meneur, bâtisseur, attachant, il a porté avec lui les fondements forts de notre mouvement avec le souhait de rassembler et de faire perdurer ce qui nous a été transmis.
Sa présidence aura changé et fait évoluer notre confédération. Il avait compris que la nostalgie et l'attachement à la terre natale étaient la base essentielle de l'amicalisme mais que c'était aussi, la convivialité et surtout, la fidélité à nos coutumes, à nos traditions, à notre langue (en d’autres mots : à notre culture) qui porteraient nos associations vers l’avenir.
En apprenant son décès, chacun se souvient des moments qu’il a partagé avec lui, car en effet, et c’est très certainement l’apanage des hommes de réseau, il avait ce talent relationnel de faire penser à chacun que le lien était unique.
Les souvenirs sont nombreux et certaines de ses phrases résonneront encore longtemps :
« Une soirée réussie est une somme de petits détails réussis » illustrant son investissement et son perfectionnisme.
« Le plus important pour tout homme ou femme dans ce monde est… l’amour » prononcé lors d’une réunion où le sujet n’était absolument pas celui-là mais rappelant ainsi qu’il faut garder au cœur, l’essentiel.
« Quelle est la question que je ne vous ai pas posé et que vous auriez souhaité que je vous pose », concluait souvent ses interviews de pastourelles témoignant de son souhait de mettre en valeur chacune.
« Quoi que je fasse je demeure un homme des bois… heureux dans les montagnes qui m’ont façonnées » rappelant son attachement à ses racines qui l’a construit et à son cher pays natal, qu’il réclamait, chanté, à la Bourrée de Paris.
« Pendant 50 ans, j’ai pleuré en arrivant et en quittant mon village » Très sensible, ses larmes de tristesse ou de joie n’étaient jamais loin, ce qui le rendait particulièrement attachant.
Passionné, investi, déterminé, avec des qualités d’éloquence reconnues, il était également sensible et profondément humain. Respecté des pastourelles, il n’en demeurait pas moins empli d’humour et, cela même, si souvent sa mémoire des prénoms flanchait… 30 années*7 pastourelles = 210 prénoms… Raymond, vous êtes pardonné !
Cultivé et curieux, ses passions étaient multiples : la lecture et la poésie avec notamment des talents d’auteur de poèmes et de fables, la musique et les chants dont son préféré qui le ramenait, une fois de plus, à ses origines « Un paysan s’en va », les jeux comme la pétanque ou le tarot pour lesquels son investissement passionné l’amenait parfois à des discussions animées et, bien sûr, tout ce qui le rapprochait de la nature (cf. poème ci-après) et de son enfance : la pêche à la grenouille ou des truites, la cueillette des champignons qu’il cuisinait formidablement bien en omelette ou au vinaigre. Qui n’a jamais goûté ses fameux cèpes au vinaigre, à l’apéritif ?!
Il aimait aussi le vin rosé avec des glaçons et le champagne. Mais, plus encore, très certainement, le partage que ces dégustations amènent aux discussions de fin de soirée où chacun refait le monde et suspend le temps d’amitié que l’on rêverait de revivre, ensuite, rien qu’un instant.
Cher Raymond, après avoir tant donné à l’amicalisme et à la Ligue Auvergnate, vous êtes parti, sur la pointe des pieds, et votre esprit a, peu à peu, pris son envol vers ce pays lointain où vous rejoignez nos chers disparus.
Nous vous sommes reconnaissants pour ces moments partagés. Nous vous adressons un grand MERCI pour l’ensemble de vos actions et ce que vous nous avez légué. Soyez assuré que nous poursuivrons le chemin, illuminé par votre sourire et votre amitié.
Reposez en paix, cher Raymond.
Ses obsèques se dérouleront le jeudi 9 janvier 2025, à 14h00, en l’église de Saint-Denis en Margeride. (La famille ne souhaite pas de plaque.)
A l’initiative de notre confédération, et afin que tous les Auvergnats à Paris puissent lui témoigner leur affection, une messe sera célébrée à l’église de St Roch de Paris en janvier (date à venir).
Au nom de la Ligue Auvergnate et du Massif Central, de ses fédérations, filiales et associations, nous adressons nos plus sincères et respectueuses condoléances à ses filles, à sa famille et à ses amis.
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants. » Jean D'Ormesson