Depuis la création du premier groupe de danseurs et danseuses en 1925, baptisé "Notre Chorale, Notre Orphéon" (cf lien frise historique), les groupes folkloriques de la région parisienne (cf lien groupes folkloriques) n'ont cessé de montrer leur dynamisme tant dans la représentation, la mise en valeur que dans l'apprentissage à tous et la transmission aux futures générations.
Fiers de leurs origines, les danseurs de tous ces groupes folkloriques ont à coeur de représenter avec enthousiasme notre culture, notre patrimoine immatériel vivant et y apporter leurs touches personnelles afin de sublimer leur représentation. Au travers de spectacles au sein de la communauté Auvergnate, mais également en parcourant toutes les régions de France ou encore plus loin au cours de festivals où ils sont régulièrement invités partout dans le monde, ils font vivre notre folklore.
En 1999, puis en 2003, réunis en commission du folklore animée et soutenue par notre Confédération, ces groupes ont œuvré collectivement pour établir deux Tomes de recueil de Bourrées issues de créations mais essentiellement de collectages. Très souvent transmises oralement et par l'exemple visuel, c'est en effet un travail remarquable, réalisé par les animateurs des groupes folkloriques de ces années, pour sauvegarder et mettre par écrit les figures de ces bourrées parfois emblématiques de nos régions du Massif Central. Vous pouvez les retrouver ici.
La plupart des groupes folkloriques parisiens originaires du Massif Central se sont regroupés en une Commission du Folklore, coordonnée par la Ligue Auvergnate et du Massif Central à PARIS. Cette commission a pour but de maintenir nos traditions à travers les diverses activités des groupes, de veiller à conserver ses originalités et ses particularités.
En 1996, sous la direction de Mme Joëlle Davy et de Monsieur Lucien Foy, un premier recueil de 30 fiches, c’est à dire 30 bourrées exécutées par la plupart des groupes de la Commission du Folklore, a pris forme. Il a été édité par nos soins en 1999. Un second volume de 30 fiches a été édité en 2003.
Sous la houlette de Madame Josette Héricourt, Déléguée de la Commission, et de Monsieur Raymond Trébuchon, Président de la Ligue Auvergnate et du Massif Central, ont participé à 1’élaboration des fiches de ce recueil : Mesdames Joëlle Davy, Martine Di Bona, Yvette Clavilier, Messieurs Gérard Di Bona, Bernard Delcelier et Lucien Foy,
Et les groupes : L’Aubade du Quercy, La Bourrée de Paris, La bourrée Montagnarde, Lou Baïléro, La Catinou, Lou Cabrettaire, La Cabrette d’Aulnay, Cabrettes et Cabrettaires, La Crouzade, Les Enfants de la Marche, Les Gentianes, Massif Central 91, La Montagnarde, Lou Padelou, Pastres et Pastretos, Le Réveil Auvergnat, La Soulenq, La Veillée Limousine et La Yoyette.
INTRODUCTION
Peut-on et doit-on transcrire une danse traditionnelle ?
Le caractère d'une danse se traduit de façon différente pour un même danseur, selon l'humeur du moment (triste ou débordant d'enthousiasme), selon s'il s'exprime au milieu d'une foule d'admirateurs ou sous les « feux de la scène ou selon le caractère du terroir, diffèrent d'un clocher à l'autre. Cependant, quelles que soient les gestuelles et les libertés d'interprétation, les danses doivent toujours rester dans leur style général et leur respect.
Nous ne détenons pas toute la vérité car nous ne savons, pas toujours ou elle se situe, surtout depuis le brassage des populations et le rapprochement du pays et de la capitale. De plus, depuis l'avancée du « dépeuplement » d'une partie de nos campagnes, les témoins sont de plus en plus rares.
Pour ces raisons, nous nous sommes attachés à transcrire les danses telles qu'elles sont présentées par les groupes folkloriques parisiens des années 1990, ainsi que quelques autres, dansées occasionnellement, mais dont l'origine reconnue reste le Massif central.
D'une façon générale, il est quelquefois difficile de préciser la date et le lieu d'origine d'une danse : est-elle centenaire, est-elle contemporaine ? Qui l'a créée ? Qui l'a recueillie ?
Les fiches composant ce recueil sont souvent décrites et chorégraphiées par les groupes dans un but scénique ; en conséquence beaucoup d'indications ne doivent pas être prises comme règle absolue départ pied gauche ou pied droit, cavalière à droite ou gauche... Il faut laisser la place aux « fioritures » personnalisées qui donnent du piment.
Par ailleurs, suivant si elles nous viennent de Haute ou Basse auvergne, d'autres régions du Massif Central, les «bourrées » sont appelées « montagnardes » ou « bourrées » ; certaines ont une cadence de « biscottes », mais depuis longtemps, les groupes folkloriques de la région parisienne les ont unifiées en les rassemblant toutes sous le nom commun de «Bourrée».
Sur l'ensemble du Massif Central, nous avons pu noter quelques gestuelles particulières surtout chez les hommes dans leurs déplacements individuels :
- Haute Auvergne et Aubrac : le danseur, légèrement assis sur ses talons, le centre de gravité du corps se situe à quelques centimètres derrière la ligne des talons (entre 5 et 10 cm). Pour compenser l'équilibre, le danseur fait contrepoids, bras levés en avant, poings légèrement fermés. Les déplacements se font toujours en pas avant, croisement épaule contre épaule, puis on vire sur l'épaule pour revenir au point de départ en décrivant un ovale.
- Sud Rouergue : le danseur se redresse légèrement, le centre de gravité du corps passe par la ligne des talons. De ce fait, les bras s'écartent légèrement vers la ligne des épaules. Les &placements s'effectuent toujours en pas avant mais avec une légère rotation du tronc dormant l'impression d'un croisement de face. On fait rapidement demi-tour (sur l'une ou l'autre épaule) pour revenir au point de départ, décrivant une ellipse.
- Basse Auvergne : le centre de gravité est identique à celui ci-dessus, mais les déplacements s'effectuent sur une même ligne : aller sur une épaule, retour sur l'autre (donc sans demi-tour). Le déplacement est identique à celui ci-dessus (légère rotation du tronc) mais arrive face à face on opère une rotation du tronc sans bouger (ou très peu) la ligne des épaules pour terminer la traversée à reculons.
- Limousin : le centre de gravité passe par les talons comme ci-dessus mais l'allure est droite, plus sautillée, plus légère. On se donne plus facilement le bras. En Haut Limousin se ressent l'influence du Berry, en Bas Limousin celle de l'Auvergne, une diversité dans l'attitude générale et la tenue des bras.
- Quercy : le centre de gravité du corps passe par la ligne de la pointe des pieds, ou légèrement en avant (en déséquilibre avant). Les bras se rapprochent du corps. Là également on se donne facilement le bras. La tendance est d'anticiper le mouvement.
- Velay : l'empreinte de la religion reste profonde : le centre de gravité est à 1' aplomb des pieds. Le corps reste droit, bras pros du corps (plus besoin du rôle de balancier). Les déplacements se font en petits pas vifs, rapides, en mouvement avant ou arrière, jamais (ou très rarement) latéral. Pas ou peu d'attouchements, on se tient très peu par la main. De plus, les phrases musicales sont souvent asymétriques.
Enfin, soyez indulgent dans les notations des partitions. La transmission se faisait surtout par voie orale, ce qui explique les variantes musicales que l'on peut noter d'un clocher à l'autre.
LA MUSIQUE MENE LA DANSE
Pour chaque danse nous indiquons la musique la plus souvent jouée par les groupes folkloriques de la région parisienne. Tous les morceaux sont écrits en gamme de DO. Afin d’assurer son homogénéité avec certaine méthode de cabrette, nous donnons ci-dessous la correspondance des lignes mélodiques ; à chacun de les transcrire.
Gamme de DO
SOL LA SI DO RE MI FA SOL LA
Gamme de FA Majeur
DO RE MI FA SOL LA SI DO RE
Le rythme est la cadence régulière des sons. Depuis le XVIIIème siècle, l’habitude de diviser les morceaux musicaux en durées égales, appelées mesures, s’est généralisée. Nous l’observons dans notre folklore.
Dans l’écriture de chaque morceau, chaque mesure est délimitée par une barre, appelée « barre de mesure », qui coupe verticalement la portée des notes . La fin du morceau, ou du phrasé musical (voir définition plus loin), s’indique par une double barre, ou par une barre plus épaisse.
A leur tour, les mesures se divisent en périodes de durées égales appelées « temps ».
Pour un danseur, s’il frappe fortement du pied tous les trois pas, on considère chacun des pas comme un temps. Le coup frappé plus fortement est toujours le début de la mesure ; c’est le principe de la mesure à trois temps. Généralement, les musiciens marquent ce temps fort en frappant du talon (ou des deux pieds).
Pour ce qui concerne l'interprétation, on parle de phrase musicale ou plus généralement de « phrasé ». Le phrasé musical est une partie complète du morceau de musique. Dans le recueil, il est noté par une lettre dans un petit carré, au dessus de la portée. Pour nos bourrées, le phrasé musical correspond habituellement à 8 mesures, parfois 6 mesures (Lo Mouralhado).
Le nombre de fois que le phrasé musical doit être interprété est indiqué à droite du titre du morceau, ex : A,A,B,B... signifie qu’il faut jouer deux fois le phrasé A, puis deux fois le phrasé B. Pour Al, A2 ... on doit jouer la partie repérée A jusqu’à la mesure surmontée d’un petit trait avec le numéro 1, puis reprendre à nouveau le début, au repère A , arrivé cette fois à la mesure numérotée 1 la sauter pour jouer la mesure suivante qui doit être surmontée d’un petit trait avec le numéro 2.
Les bourrées asymétriques notées dans les recueils sont des bourrées écrites avec des phrasés musicaux de longueurs différentes. Par exemple, le premier phrasé musical sera de 6 mesures et le second phrasé de 8 mesures.
Quelques réflexions sur le nom des bourrées : il ne faut pas confondre le titre du morceau et le nom de la bourrée ! Efforçons nous de respecter la musique originale de notre patrimoine musical. De même pour les variantes que nous indiquons, les danses sont parfois très proches, autrefois on tenait beaucoup à la réputation du "clocher du village". Pour avoir sa propre bourrée on imaginait une variante à une bourrée connue ailleurs et l’on avait sa propre bourrée. De même que l’on peut assembler diverses figures pour créer une nouvelle danse.
SYMBOLES UTILISES